Syndicats Filpac-Cgt de L’Alsace et des DNA

Souffrances mutualisées

8 novembre 2019

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Souffrances mutualisées

Les organisations syndicales de L’Alsace relaient, ci-dessous, un tract de leurs homologues des DNA décrivant la situation dramatique dans laquelle se trouvent leurs journalistes dans le sud Alsace. Nous leur apportons pleinement notre soutien. Le rapprochement des rédactions, c’est aussi celui des femmes et des hommes qui les composent, la mutualisation est aussi celle des problèmes, des émotions et des souffrances.

Les difficultés que rencontrent les journalistes de L’Alsace ne sont pas forcément les mêmes, n’ont pas toujours les mêmes origines, mais la restructuration, plus ou moins affirmée, des organisations et des chaînes hiérarchiques a également produit des effets pervers dans notre entreprise, du nord au sud de notre zone d’implantation.

La mutation des pratiques est trop souvent synonyme de pressions, de perte des repères et de remise en question du sens même de nos métiers. Les situations personnelles « limites » se multiplient à L’Alsace comme aux DNA, dans le contexte global de démembrement des entreprises, avec la filialisation de la publicité, l’externalisation du prépresse, du CRC, de la maintenance…

La situation aux DNA vient rappeler, s’il était nécessaire, que ce contexte peut produire des drames humains. La direction ne doit pas se reposer sur la seule bonne volonté des salariés, en espérant que le temps fera son œuvre. Elle doit prendre ses responsabilités et respecter la loi qui lui impose de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés (article L. 4121-1 du Code du travail).

Mulhouse, le 8 novembre 2019


Double gouvernance « opérationnelle » ADN:
la fabrique à souffrance

Ce lundi 4 novembre en début d’après-midi, un collègue des DNA du Haut-Rhin a fait un malaise à son poste de travail, suivi d’une crise d’angoisse. Pris en charge par le Samu, il est en arrêt pour plusieurs semaines. Le diagnostic de son médecin est clair : burn out, c’est-à-dire épuisement professionnel. Cet arrêt est déclaré comme accident du travail.

Il fait suite à l’arrêt de travail (pour une deuxième période) d’un collègue journaliste des DNA d’Altkirch, à l’arrêt de travail qui se prolonge depuis quatre mois de la chef d’agence de Mulhouse des DNA, ainsi qu’à la démission, après arrêt de travail depuis début juin, d’une personne de l’accueil commercial à mi-temps des DNA, à Thann.

Surprise ? Non, aucunement. Lors de son audit sur les risques psychosociaux aux DNA, l’expert de la Secafi a alerté la direction des DNA sur un risque de danger imminent et grave pour TOUS les collègues du Haut-Rhin sud le 3 octobre dernier. Le CHSCT du Haut-Rhin a lancé son propre droit d’alerte le 4 octobre, suivi par le médecin du travail le 7 octobre.

Depuis des mois, toutes les organisations syndicales ont tiré la sonnette d’alarme sur la « double gouvernance opérationnelle » que nous a vendu la direction dans les instances du personnel respectives comme l’outil d’une mutualisation efficace. Ce nouveau mode de fonctionnement a montré son efficacité dans un seul domaine, de manière continue. La souffrance des équipes dans un rapport de force établi entre les hiérarchies des deux journaux (DNA et L’Alsace). Dans le sud du Haut-Rhin ce rapport de force lèse les collègues des DNA, souvent, de ce qui faisait le sel de leur travail auparavant (rubriques, compétences reconnues, défense d’une ligne éditoriale propre) mais n’épargne pas davantage les collègues de L’Alsace.

Dans le Haut-Rhin sud, les collègues des DNA sont en situation de souffrance depuis des mois, subissent une mutualisation insuffisamment préparée, avec une perte d’identité, malgré, souvent, une bonne entente dans les équipes. S’ajoute un manque total d’organisation, la pression du digital first avec des consignes discordantes entre les DNA et L’Alsace, un stress généralisé, une absence de perspectives professionnelles et l’abandon total de la part de la direction des DNA. Direction qui s’était tout juste mise en route mollement pour le Haut-Rhin lundi afin de tenter d’auditer elle-même sur ce danger grave dont elle ne perçoit rien, toute imbue de son storytelling.

Il est temps, de manière urgente, de remplacer toutes les personnes en arrêt maladie. Il est temps de faire le constat qu’on ne pose pas des équipes différentes sous le même toit sans véritable projet éditorial, sans respect des équipes rédactionnelles, au mépris des personnes victimes de ces pratiques irresponsables. Nous demandons que la direction reconnaisse ses errements et ses manquements. Qu’elle protège, par tous les moyens, des collègues qui seraient légitimes, aujourd’hui, à faire valoir leur droit de retrait. Qu’elle se mette en règle, tout simplement, avec son devoir de protection de la santé psychique et physique de chacun des salariés sur son lieu de travail.

Nous demandons, enfin, que le management soit formé sur une gestion des équipes dans la bienveillance, et non plus sous la dictature unique du fric et du clic.

Strasbourg, le 8 novembre 2019