Espace International de la Cgt
Note d’information des syndicats autrichiens sur les projets gouvernementaux à venir.
29 janvier 2018
Déréglementation, restriction de la politique migratoire et recul de la politique sociale – sont au programme du nouveau gouvernement autrichien qui s’aligne en tout point sur les revendications patronales.
Suite aux élections législatives du 15 octobre 2017, un nouveau Parlement a été élu. Le nouveau parti populaire conservateur autrichien « ÖVP », dirigé par Sebastian Kurz, a remporté les élections avec 31,5% des voix, suivi par le parti social-démocrate « SPÖ » (26,9%) et le parti populiste de la liberté « FPÖ » (25,9%). Le Parti vert «Liste Pilz» (4,4%) et le «NEOS» néolibéral (5,3%) sont les plus petits partis représentés actuellement au Parlement.
Le 18 décembre 2017 – composition d’un nouveau gouvernement de coalition d’ÖVP et de FPÖ qui ont déjà formé des coalitions entre 2000 et 2006, période au cours de laquelle des privatisations et des réformes restrictives, notamment dans le domaine de la sécurité sociale, ont eu lieu. Habituellement, l’Autriche était régie par ÖVP et SPÖ, équilibrant les intérêts de l’économie et du travail. Au sein d’ÖVP, il y a eu un changement de pouvoir (établi par l’ancien ministre des Affaires étrangères et le nouveau chancelier, Sebastian Kurz) : un agenda néolibéral a pris la place des valeurs sociales chrétiennes et des partenariats sociaux. Par conséquent, on s’attend à ce que la nouvelle coalition change les concepts fondamentaux et les structures politiques en Autriche.
Le programme gouvernemental reste vague à bien des égards, mais la tendance et certains projets sont assez clairs. La confédération syndicale OGB s’oppose aux points suivants :
- Déréglementation et “ReFit á la Autriche” à grande échelle :
- Pas de surrèglementation : toute la législation existante doit être révisée dans le but d’abroger les règlements qui sont plus élevés que les normes de l’Union européenne (UE) ; à l’avenir, la réglementation autrichienne ne doit pas être plus exigeante que celle de l’UE.
- Clause d’extinction : la réglementation (UE) arrivera à terme automatiquement après une certaine période de temps.
- « Un de plus, un de moins » : une nouvelle réglementation ne peut être faite que si l’ancienne est supprimée.
- Le gouvernement privilégie le scénario 4 de Juncker dans son Livre blanc sur l’avenir de l’Europeen « faisant moins mais de manière plus efficace », en mettant également l’accent sur plus de subsidiarité et souhaite le souligner lors de la présidence autrichienne de l’UE2 (de juillet à décembre 2018)
- Contrairement à la rhétorique de campagne, il n’y a pas de propositions pour lutter contre le dumping salarial et social. Au contraire, la proposition (restreindre la définition de la rémunération au salaire de base – par exemple, heure supplémentaire non rémunérée ne serait plus imputable) aggravera la situation.
- Décentralisation et individualisation à la place des conventions collectives : les accords de travail dans une entreprise peuvent prévoir des réglementations plus souples que celles prévues par la convention collective (par exemple, le temps de repos).
- Augmentation légale du temps de travail pouvant aller jusqu’à douze heures par jour et soixante heures par semaine. (jusqu’à présent, le temps de travail légal était de 40 heures par semaine et de 8 heures par jour. Et la limite quotidienne à ne pas dépasser – 10 heures)
- Réforme du système d’assurance sociale,
- Réduction des coûts salariaux et plus d’aides aux entreprises.
- Réduction des allocations pour les sans emploi, les pauvres et demandeurs d’asile : en particulier pour les chômeurs de longue durée et d’autres groupes exclus du marché de travail.
- Indexation de l’allocation familiale.
- Politiques plus restrictives en matière de réfugiés et de migration.
- Affaiblissement de la “Bourse du Travail” (“Arbeiterkammer”) qui, à part la coopération avec les syndicats, la représentation légale des travailleurs et des consommateurs, assure une protection juridique et représente légalement les salarié.e.s. L’objectif du gouvernement est d’affaiblir “l’Arbeiterkammer” dans un premier temps en l’appelant à réduire son budget.
- Affaiblissement de la représentation des salarié.e.s en réduisant le nombre et les ressources des représentants sur le lieu de travail, en limitant le droit de créer des organes de comités d’entreprise pour des groupes des salarié.e.s distincts dans une entreprise ; notamment en supprimant également la représentation de jeunes dans un comité d’entreprise de la jeunesse «Jugendvertrauensrat» au sein de leur entreprise. La représentation des étudiants “Österreichische Hochschülschaft” doit limiter son activité et ne doit pas agir politiquement.
- Affaiblissement de l’inspection du travail
- Réduction du nombre des fonctionnaires
- Pensions : le supplément de péréquation sera augmenté, mais versé comme aide spéciale, ce qui signifie que les personnes vivant dans d’autres pays de l’UE ne peuvent pas le recevoir. En outre, il deviendra plus difficile pour les chômeurs de longue durée et pour les personnes malades de partir à la retraite.
- Réduction d’impôt pour les sociétés et pour les transferts de terrains.
- Réduction des pénalités pour les entreprises : le droit pénal administratif sera modifié de sorte qu’une société ne puisse pas être sanctionnée pour des infractions cumulées (concernant le temps de travail ; la protection des travailleurs).
- Système d’éducation encore plus sélectif : seuls les enfants ayant peu de capacités linguistiques en allemand seront obligés d’aller à l’école maternelle pendant deux ans ; augmentation des frais de scolarité.
- Affaiblissement des droits des locataires, aide à la propriété et à la location-vente.