Collectif Journalistes Filpac
L’information, le combat pour tous
8 mars 2021
Sale temps pour les journalistes. Le terrain c’est le cœur de nos métiers. Les mesures sanitaires nous en éloignent, à la vive satisfaction de financiers, politiques, policiers, que la rigueur et le pluralisme de l’information n’obsèdent pas, quoi qu’ils prétendent.
La précarité de nos métiers s’aggrave. La survie même de nombre de nos titres est menacée. Nous sonnons le tocsin depuis des mois. Il faut en amplifier l’écho de toute urgence.
Quelques exemples illustrent la sombre réalité :
On assiste à une valse permanente de propriétaires qui vendent, acquièrent ou s’approprient des titres de presse, à l’image du prédateur ReWorld Media. Devenu premier groupe de presse magazine en France, celui-ci se débarrasse des journalistes et transforme certains titres en publi-rédactionnels. Les journalistes de Science & Vie en ont fait l’amère expérience.
Des plans d’économies drastiques contre l’emploi, que ce soit dans la presse régionale, nationale, quotidienne ou périodique, comme à L’Équipe, au Figaro ou dans le groupe Centre-France, fragilisent les titres et leur contenu. Les rédactions, de plus en plus soumises aux critères de rentabilité ou de productivité, finissent désorganisées, avec un chamboulement permanent des qualifications. Les pigistes, les photographes de presse, même grands reporters, connaissent une précarité sans précédent.
Les journalistes qui travaillent en presse professionnelle (à l’image du groupe Infopro Digital) deviennent une simple variable d’ajustement.
La loi dite de « sécurité globale », actuellement au Parlement, porte de graves menaces sur la liberté d’informer et d’être informé : multiples entraves à la couverture de manifestations, diffusion d’images identifiables de policiers pénalisée etc.
La mutation forcée des médias vers le digital, pour se plier aux nouveaux usages de lecteurs traités en consommateurs, ne s’accompagne pas de modèles économiques pérennes. Privilégiant l’amateurisme, l’immédiateté et le scoop, elle déprécie l’information vérifiée, recoupée, contextualisée et exempte de tout intérêt personnel, politique ou commercial, produite par un journaliste professionnel justifiant d’une formation exigeante.
Le dialogue social de branche est en berne. En l’absence de commissions paritaires permanentes de négociation et d’interprétation (CPPNI) au niveau national ou dans les différentes formes de presse, impossible d’aborder les problématiques par secteur, d’adapter et d’anticiper les évolutions de nos métiers.
La Filpac-CGT et ses équipes syndicales, fortes de centaines de journalistes engagés aux côtés d’autres salariés, se mobilisent sur tous ces dossiers, et agissent sans relâche pour une presse de qualité, répondant aux défis de notre société, et garantissant moyens et reconnaissance pour tous ceux qui la façonnent chaque jour.