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LETTRE FÉDÉRALE N° 27
COVID 19 : Quelle issue à la crise sanitaire ?
C’est à nous de décider !

20 avril 2020

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Alors que le virus continue sa marche macabre, frappant le continent africain, fauchant les vies par dizaines de milliers aux États-Unis et en Europe, les gouvernants de tout poil définissent déjà les contours de l’après-crise.

Ne tirant aucun enseignement de cette crise sanitaire mondiale, ils en profitent pour prendre des mesures contre les libertés publiques et individuelles (tracking numérique, mise sous le boisseau de la démocratie sociale et parlementaire, etc.) pour mieux appliquer l’accélération de leur cure d’austérité sociale déjà en œuvre depuis des décennies.

Enfermés dans leur certitude de la toute-puissance du marché, ils agissent comme de bons contrôleurs de gestion du capital, effectuant le calcul morbide des coûts des vies perdues et celui des pertes de marchés des multinationales dont ils sont les serviteurs.

C’est ainsi que certains éditorialistes de la presse réactionnaire n’hésitent pas à réclamer à cor et à cri un déconfinement rapide, permettant aux affaires de reprendre prestement, sans se préoccuper du nombre de décès que pourrait engendrer une telle mesure.

Le lundi 13 avril, le discours de Macron annonçant le déconfinement pour le 11 mai, s’inscrit pleinement dans cet objectif patronal d’une reprise de toute l’activité économique coûte que coûte, et peu importe les risques encourus par les enfants qui reprendront le chemin des écoles, peu importe le risque avéré d’une deuxième vague plus meurtrière que la première, ce qui importe c’est de produire !

Alors que l’OMS et le corps scientifique à l’unanimité réclament la généralisation des tests et des masques pour toute la population, afin de réussir un déconfinement progressif, Macron, fidèle à sa doctrine libérale, ne propose que des tests en portion congrue et des masques en fonction des importations.

L’allocution présidentielle à peine achevée, la perspective d’une catastrophe sanitaire plus importante que celle que nous vivons se dessine déjà et fait grandir l’émotion !

Aux mensonges d’État succède la violence d’un pouvoir aux ordres des grandes fortunes, à l’image de ce patron d’Allard Emballage qui, en réponse aux élus du personnel réclamant des mesures de précaution sanitaire, éructait : « Si nous sommes tous contaminés, nous serons immunisés. Et ça fera une sélection naturelle. »

Ce cynisme patronal morbide, incarné également par Geoffroy Roux de Bézieux, aiguise ses prétentions de servitude totale du travail allant jusqu’à la fin du contingentement du temps de travail, la possibilité d’en finir avec le SMIC, et les cotisations sociales restantes.

Le discours tenu par des Pénicaud, Lemaire et consorts sur les sacrifices à opérer par les citoyens, relayés sur les ondes et pages des médias de leurs amis milliardaires, est à l’aune de l’austérité sociale envisagée pour le plus grand profit du patronat.

Promettant du sang et des larmes aux travailleurs, le gouvernement tente d’imposer un discours sacrificiel au nom du patriotisme économique nécessaire à la sauvegarde du profit des actionnaires.

À l’image de ce que Macron, par le biais d’un rapport commandé à la Caisse des Dépôts et Consignations, souhaite imposer à la santé publique, préconisant de la livrer totalement aux appétits financiers des assureurs et grands « labos » pharmaceutiques, comme solution aux manques de moyens actuels dans les hôpitaux publics.

Idem concernant les sinistres ministres des Finances de l’Europe qui actent un plan de relance de 500 milliards d’euros passant par l’endettement* dont les contreparties prévues laisseront les peuples exsangues et les plongeront durablement dans une paupérisation infernale.

À nous de définir le contour du monde d’après et d’agir pour l’imposer !

À l’inverse de ce que prévoient Macron et ses congénères libéraux, des voix de tous les continents, de tous les milieux sociaux (à part celui des possédants) de tous les corps de la société, s’élèvent pour affirmer que cette dramatique pandémie est le fruit de la mondialisation capitaliste.

Toutes et tous affirment que l’avenir de l’humanité se joue dans l’issue de cette crise sanitaire mondiale.

Soit, comme le prévoient les gouvernants actuels corrompus par l’« argent roi », nous sombrons dans une accélération de cette mondialisation ultralibérale, soit nous sortons de ce système économique pour remettre l’Homme et le vivant au centre des politiques d’État et l’économie au service de ces politiques.

C’est le sens de la pétition lancée par la CGT avec de nombreuses associations, ONG, et d’autres syndicats pour préparer « le jour d’après » !

Cette pétition pose légitimement la question des choix de société et de l’indispensable changement de cap du modèle économique, proposant une alternative au sacrifice libéral.

Elle est d’utilité publique, et salvatrice !

Si l’allocution présidentielle évite soigneusement de prononcer les termes « Service public » et « Sécurité sociale », personne n’est dupe. C’est grâce à notre système de protection sociale et à la qualité de nos services publics, encore debout malgré tous les coups portés par ce gouvernement et les précédents, que nous pouvons atténuer le choc de cette pandémie.

Les premiers de cordée ne sont pas les plus fortunés mais bien ceux qui prennent à cœur d’assumer leur mission de servir l’intérêt commun et collectif.

Plus que des applaudissements quotidiens, les hospitaliers, les médecins de ville, réclament des moyens pour soigner, pour se protéger et donc protéger celles et ceux qu’ils soignent.

Les promesses présidentielles d’un investissement massif dans les hôpitaux et dans notre système de soins n’engagent que ceux qui veulent bien y croire. Aucun chiffre, aucun arrêt de la cure financière ; des prévisions de fermetures de lits, de fusion des centres hospitaliers ; rien n’est stoppé, tout continue comme avant !

La colère que ressentent les citoyens devant cette tragicomédie politique de Macron et de son gouvernement ne suffit pas. Elle doit s’exprimer largement, trouver les chemins du rassemblement pour changer les choses.

Mais sans mobilisation sociale généralisée, sans descente dans la rue, sans arrêts de travail d’importance, rien ne pourra se faire, rien ne changera.

Certes dans la période actuelle, les difficultés s’accumulent, alors que des millions de salariés ne sont payés qu’à hauteur de 84 % de leur salaire et sans les primes, que les « indépendants » sont sans ressources.

Pour autant, l’heure sera à l’action massive dès le déconfinement acté !

Déjà, des grèves ont lieu dans des entreprises contre les violences patronales : renforcement de l’enfer au travail, dégradation des conditions de travail, fin des 35 heures et de la limitation du temps de travail, en un mot le droit d’exploiter sans entrave.

Il n’y aura pas de retour en arrière, « Le jour d’après ne sera pas un retour au jour d’avant » comme Macron l’a indiqué.

En cela il a raison. Le monde ne sera plus le même après cette crise : soit nous sombrons dans l’enfer libéral, la fin des libertés et de la démocratie, soit un changement radical de choix de société se fait jour pour nous permettre de sauver l’humanité et l’ensemble du vivant sur la planète.

L’avenir nous appartient si nous le décidons, alors à nous de l’imposer !