SILPAC CGT de Rouen, du Havre et de leur région

Le papier-journal est-il stratégique ?
Chapelle Darblay a t’elle un avenir ?

15 octobre 2019

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Syndicat des travailleurs des Industries du Livre,

du Papier et de la Communication de Rouen, du Havre et de leur région

Le papier-journal est-il stratégique ?

 

OUI !

Le papier est-il désuet et anti écolo comme le martèle le lobby du numérique et de l’écologie ?

L’argument de la déforestation est sans cesse mis en avant mais c’est un raccourci facile qui ne tient pas au vu de l’activité forestière française… devons-nous aussi passer au meuble numérique ?

Amazone et autres sites de ventes en ligne vous livrent à domicile un livre papier, votre kilo de pâtes préféré dans un carton, mais le papier imprimé serait le support du siècle dernier.

Le tout numérique est donc moderne. Il offre des nouveaux outils et permet des pratiques de lecture autres que sur les supports papier et traverse toute la société. Mais on est bien loin de la diffusion du livre-objet avec son charme, son esthétisme etc. S’il est avéré une baisse de la diffusion papier de la presse, auquel le numérique contribue, ce n’est pas la seule raison, tout le monde en conviendra.

Le papier reste encore dans notre société un support nécessaire. En effet, même si l’administration par exemple, accélère la dématérialisation, dans les faits, l’impression des documents a été déplacée dans les foyers ou fleurissent les imprimantes individuelles ce sont les usagers qui impriment chez eux, pour toutes les démarches.  Il  est  toujours  d’actualité de devoir fournir des pièces papier.

Combien font le choix d’acheter des livres en PDF et les impriment ?

Nous imprimons des rapports, d’autres souhaitent imprimer les articles de presse en ligne, car trop long à lire sur leurs écrans ou pour constituer des dossiers en les archivant sur papier.

Pour ce faire ils n’utilisent pas forcément de papier recyclé, ils utilisent des encres, de l’énergie mais aussi tous les métaux précieux dont ont besoin un ordinateur et une imprimante ! Pas très écolo…

L’imprimerie est délocalisée dans chaque foyer, chaque bureau aussi dans chaque ministère ! Il en est de même pour la presse qui utilise le tout numérique, les réseaux, les fermes de stockages, comme tout internaute d’ailleurs, les imprimantes et photocopieurs chauffent et sont consommateurs de beaucoup d’énergie !

Loin de nous l’idée d’opposer le numérique au papier. Il est néanmoins urgent d’avoir un débat franc sans dogmes pour l’avenir de la fabrication du papier-journal en France.

Une position sous forme d’exception culturelle ?

UPM, multinationale riche, un des leaders de la fabrication de papier-journal, fait le choix de détruire des outils de production en France, au nom de la loi du marché ! Qui édicte cette loi ?

Le papier-journal est une production manufacturière à vendre, il y a un marché. L’industriel propriétaire des papeteries n’a que faire de ses clients français, ceux de la presse, il est mondialisé.

Ce choix économique est purement et simplement dicté par la volonté d’une rentabilité toujours accrue…La production de papier journal n’est pas déficitaire, bien au contraire. Le prix de la tonne pourrait baisser que l’entreprise engendrerait encore des bénéfices, mais pour qu’en faire ?

Ils se battent pour leurs emplois. Ils se battent pour le maintient d’une production de papier-journal en France.

Chapelle Darblay a t’elle un avenir ?

 

OUI !

Les conséquences de ces décisions sont nombreuses et on peut déjà citer :

  • Les emplois directs et indirects supprimés ;
  • Les familles misent en difficultés ;
  • Les impôts non perçus et les conséquences qui en découlent pour les communes.

N’oublions pas, non plus le sabotage de la machine de la papeterie d’UPM Docelles, par le directeur du site, aux ordres de l’actionnaire, un geste profondément cynique et qui a condamné la Vallée vosgienne… On se croirait au XIXe siècle !

Une autre conséquence de cette politique est subit de plein fouet dans les entreprises de presse. Le poste papier est le plus important après celui des salaires. Quand les multinationales papetières détruisent des capacités de productions, les journaux licencient eux aussi !

Les industriels papetiers n’accompagnent pas leurs clients, ils les étranglent, dans la mortifère logique des bénéfices à tous crins, sans se soucier du lendemain et des conséquences sur l’information.

Ce maintien organisé du prix si élevé du papier se traduit dans les journaux par une baisse de la pagination et donc une destruction d’information sur ce support ! Pire le prix de vente des journaux doit augmenter sans cesse alors que l’offre se réduit. Les éditeurs au-delà de licencier, trouvent des astuces : changer les formats, supprimer des colonnes, réduire la laize, le grammage avec comme conséquence inévitable un produit de moins bonne qualité, moins d’information, pour un cout plus élevé pour le lecteur !

La presse est donc contrainte de s’autolimiter dans son offre éditoriale, des suppléments sont annulés, car si la publicité ne paie pas le papier, il n’est pas rentable de l’imprimer !

La presse à ses propres difficultés de financement, prix facial du titre, publicités, le prix du papier en est une. Le gouvernement soi-disant stratège, sait que le modèle économique du numérique en Presse Quotidienne Régionale représente moins de 10 p. cent du chiffre d’affaires.

Il serait plus que temps que le papier journal dans ce pays soit considéré comme un produit stratégique !

Nous demandons aux éditeurs de s’engager

Au milieu des années 90, à Paris-Normandie, nous avons fait pléthore de test, du papier canadien, russe, espagnol… Mais le syndicat a pris une position et une décision : imprimer uniquement sur du papier en provenance de Chapelle Darblay. Jusqu’à ce jour nous sommes restés fidèles à cette décision que nous avions imposé à l’entreprise.

Il est aisé à certains de faire le raccourci… des kilomètres ! En effet Chapelle Darblay et Paris-Normandie sont situés dans le bassin d’emploi de la métropole rouennaise. Et alors ?

Rouen sera toujours moins loin pour alimenter les rotatives en papier journal dans l’hexagone que le Canada ou la Finlande ! C’est tout simplement du bon sens.

Il appartient aux équipes syndicales de se positionner, d’avoir des exigences sur ce poste si important. Nous imprimons notre marque syndicale CGT dans l’Ours des titres quand nos entreprises respectent le tarif. Cet Ours pourrait rayonner plus largement, si les entreprises se fournissaient en papier recyclé de la Chapelle Darblay !

MM. les éditeurs soyez les facilitateurs d’une reprise de Chapelle Darbay, et réfléchissez sur une vraie opportunité de se doter d’un outil industriel en France, de production de papier journal cent pour cent recyclé !

Une véritable stratégie économique globale de filière, entre l’achat du papier, le rachat des bobinos et gâtés, le recyclage des invendus et la collecte des imprimés. Nous n’imaginons pas, que vous souhaitiez continuer à subir un prix du tonnage fixé par une multinationale sise en Finlande, ou d’autres fournisseurs alors que vous pouvez demain payer le juste prix en France, sans exclusivité.

Un chiffre :

La presse quotidienne nationale, régionale et la presse hebdomadaire en région représente un tirage annuelle en 2018 de 1 730 670 656 exemplaires.

Il appartient à tous les acteurs (ministères Industrie, Finance, Ecologie, le CIRI, la BPI, Etat, Région, Syndicats professionnels et de salariés) de tout faire pour éviter une casse programmée de ce fleuron industriel et de ses emplois. Tous acteurs et non simplement spectateurs !