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Déclaration du Secrétaire général
lors du rassemblement du 22 mai 2019 devant le Sénat

22 mai 2019

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Camarades,

Ce rassemblement n’est qu’une des étapes de la lutte que nous devons mener ensemble pour imposer une autre réforme de la distribution que celle concoctée par le gouvernement Macron, son ministre Riester et les grands éditeurs de presse.

Tous ensemble, nous devons continuer à dénoncer la nature liberticide de cette contre-réforme, dont l’unique objet est de mettre un terme au système actuel de distribution de la presse, issu des premières mesures du Conseil national de la Résistance, après l’effondrement du gouvernement de Vichy.

Cette attaque en règle contre notre système pluraliste de distribution de la presse, si malheureusement elle devait voir le jour, entraînerait immédiatement l’arrêt brutal de parutions hebdomadaires, mensuelles, voire quotidiennes de milliers de titres.

De ce fait, les titres les plus juteux, déjà aux mains d’une dizaine de milliardaires proches du pouvoir, se retrouveraient favorisés, ce qui permettrait la mise en place d’une pensée unique en verrouillant l’information, la culture et le savoir sur les bases de la doctrine libérale.

La presse déjà aux mains des amis et soutiens de Macron deviendrait alors encore plus favorable à sa politique et son indépendance serait subordonnée à sa docilité.

Aujourd’hui déjà, les récalcitrants et les empêcheurs de « gouverner tranquille » se voient attaqués durement par le pouvoir en place et les puissances économiques qui les assignent constamment devant les tribunaux.

La perquisition au siège de Mediapart, les gardes à vue de journalistes couvrant les mobilisations sociales, les intimidations policières, les convocations par les services secrets… Jamais la presse dans son ensemble n’a été mise sous une telle tutelle de l’État.

La loi contre les fake news ne sert d’ailleurs qu’à interdire les parutions d’informations qui ne seraient pas validées par les conseillers de Jupiter.

De concert avec ses homologues européens, dont il critique pourtant l’autoritarisme, Macron met la presse en coupe réglée à l’instar des Orban, Salivini et autres dictateurs d’extrême droite.

La fédération, en se rendant en septembre dernier au Sénat, a porté les thèmes d’une réforme renforçant la démocratie et la liberté d’informer. Et notre position va bien au-delà de la contre-réforme Riester qui ne cherche qu’à museler la liberté d’expression en limitant la protection de la diffusion des idées aux seuls titres IPG.

Titres d’information politique et générale. Cette notion d’IPG, reprise dans la loi libérale Macron/Riester n’est en fait que le « cache-sexe » d’une réforme qui vise à interdire à très court terme la parution de la majorité des titres distribués actuellement dans les kiosques et qui font la richesse de la presse française.

Le périmètre du pluralisme de la presse est bien plus large que le cercle restreint des titres IPG !

La presse plurielle, c’est celle du savoir, de la connaissance, de la culture, de l’histoire, de la diversité des pensées humaines et de l’information. En donnant à une commission désignée par le gouvernement, le choix de ce qui relève ou non des fameux IPG, c’est la liberté de la presse que l’on met en danger.

D’ailleurs les principaux éditeurs de la presse quotidienne soutiennent cette notion d’IPG et la destruction de la loi Bichet, afin d’en retirer des bénéfices, politiques et économiques.

Ils soutiennent d’autant plus cette réforme qu’en contrepartie ils sont assurés de toucher de nouvelles aides de l’État afin de continuer à massacrer les oripeaux d’une presse déjà très affaiblie par les multiples plans de suppression d’emplois dans tous ses secteurs : les sièges éditoriaux, l’imprimerie et la distribution.

Cette bataille qui s’engage, alors même que le texte passe en procédure accélérée au Sénat, doit avoir la base la plus large possible pour faire obstacle aux prétentions liberticides d’un pouvoir impopulaire et aux abois.

C’est tout le sens de la proposition faite par le bureau fédéral d’organiser dans les prochains jours à la Bourse nationale du travail de Montreuil, une journée de mobilisation organisée autour de débats et d’échanges pour mener la bataille de la liberté d’informer.

Le combat qui est devant nous est historique !

Il dépasse très largement les premiers intéressés que sont nos camarades de Prestaliss et des SAD qui sont touchés dans leur emploi.

C’est un combat de société qui nous attend et ce combat doit être celui de toute la fédération, mais aussi celui de la confédération et de toutes les citoyennes et tous les citoyens.

Avec mon camarade Didier, nous devons arrêter la date au plus vite et vous la ferons connaître dans les prochains jours.

Comme l’indiquait le secrétaire général de la CGT dans son intervention de clôture du 52e congrès, « Rassemblons-nous » ! Oui, rassemblons très largement pour imposer une amélioration de la loi Bichet qui doit permettre de renforcer la possibilité à tout un chacun de publier ses idées et de les voir imprimées puis distribuées sur l’ensemble du territoire.

Je terminerai encore en citant Philippe Martinez : « Nous avons besoin d’amplifier les mobilisations afin de généraliser les grèves, c’est notre objectif commun. »

Alors des paroles passons aux actes. Stoppons l’ensemble de la presse pour imposer aux éditeurs milliardaires et à leurs serviteurs du gouvernement une loi pour la presse, sa liberté, sa pluralité, et des statuts de haut niveau pour celles et ceux qui y travaillent.

Merci, camarades et à très vite.